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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 22:36

Nous voilà au début de quelque chose qu'il faut déjà se définir. C'est devenu d'un chiant cette anthropométrie continuelle par laquelle tout entretien commence ! Et ce n'est pas pour s'améliorer avec les technologies du futur qui vont faire d'une poignée de main un curriculum vitae de salutations distinctives.

Pas un endroit où il ne faut pas donner ces informations sensées raconter votre vie alors qu'il n'y a rien de plus compliqué à réciter comme une fable apprise la veille.

Bien sur, la combine résiderait dans le fait que ce sont là des données qui intéressent la "centraliseuse" qui tourne jour et nuit pour malaxer les renseignements peu modifiables et donc fiables de l'instant où ils nous sont exigés, genre âge, métier, résidence, études pour nous les juxtaposer avec des propositions compatibles.

 

René Magritte, Les Marches de l'été, 1938

    Bon mais moi de tout ça, je crois que

    je m'en fiche sans indications.                    

    Mon problème, c'est que je serais bien

    incapable de dire qui je suis. Je crois le 

    savoir un jour, et à la nuit c'est déjà

    bien moins sur.

    Si on prend cette peinture de René

    Magritte, Les marches de l'été à laquelle

    l'artiste joint sa perception unique, celle

    d'un surréaliste et qu'on la transpose à

    ce procédé inique du questionnaire de

    présentation, voici alors la nouvelle

    appellation du tableau : L'escalier du

    verbe être.

Qui plus est, être femme tronc dans l'échelle sociale où avoir été par la féminité anatomique perçue, renvoie à la continuité d'une condition automnale et point autonome en cochant la case sexe. 

 

A ce stade de mon développement, apportons une vision du dit surréalisme :  « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale [...] Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. » Dixit André Breton dans le premier Manifeste du surréalisme.

 

En partant de cette conception pour entamer une rencontre aussi somptueuse que rêvée, tout en la pratique des situations rencontrées dans les entretiens d'embauche, administratifs, médicaux ou d'inscriptions diverses, semble apparenté à un irréalisme relationnel. Personnellement, toutes mes convocations se sont soldées par une incompréhension de mes aspirations, confronté aux jugements de la réalité  du partenaire, souvent nommé conseiller, qui entendait ma prose. Désolante vérité, constat navrant des individus envers les autres qui se basent sur des fiches pré-remplies de chemins psychologiques.

Ce grand n'importe quoi du : « présentez-vous à l'heure » dans la représentation de l'horreur, de l'erreur, dans une parcelle du temps qui vous reproduit pour l'anticipation, dans ce qu'elle est une photo de vous et non un écoulement, et qui oblige à des décollements d'identité pour correspondance avec le profil recherché !

 

Présentez-vous à l'heure

 

En arriver à se définir ! Mais l'expression est à elle seule une impasse où on n'arrive qu'en fin de cheminement. Ça ne mène nulle-part, quand il faudrait aller à débuter pour construire un acheminement dans la collaboration. Les rendez-vous classiques inspirent aux candidat-es un tel écœurement de départ, que leur préparation se réduit à un examen de passage truqué, à un bavardage stérile, voir à un remplissage du formulaire sans aucun échange de paroles pour multiplier et rentabiliser le casting, et fatalement permettre à l'enquêteur-trice de cocher à son tour la fiche de rapport pour facturer ce trafic.

 

Consternation, qu'on se terre dans la Nation comme des graines sans germes, qui si on la refuse pousse à un retranchement, et si on l'accepte fait éclore des légumes en plastique. Revenu de ce terrain désertique, l'avoir emprunté éconduit la personne aussi péniblement que de s'en être détourné. L'anonymat d'une journée partie sur un accord sans rencontre plonge dans un décors d'une théâtralité sans public.

 

C'est peut-être encore sur un blog qu'on peut le mieux se livrer au surréalisme de soi. Il est devenu pour moi évident que dans l'interaction d'un professionnel avec un prétendant, la réunion se solde par une parodie de justice où le résumé d'existence du personnage le plus important, suivra le réglement de l'exécuteur-trice.

 

Décochez-vous

Décochez-vous.

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  • : Libre penseur je place l'écriture au- dessus de toute forme de justice. Entre l'être qui agit et l'être qui parle, l'être qui écrit se sait toujours par lequel trahi. Exposition la plus perpétuelle de toutes - tout plaisant sait faire et complaisant sait dire - écrire est un désir irrépressible, de plaisanterie et bien avant, de déplaisir et bien après. Ce que l'animation est à l'image, à l'écriture est la ranimation, un défi atemporel.
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