Je vais te demander un effort d'imagination. Couche-toi sur le sol, regarde les étoiles et démens tout simplement le fait qu'elles sont en haut et toi en bas. Maintenant prends une feuille de papier imaginaire, d'un côté représente-toi, puis de l'autre les étoiles et laisse la feuille s'envoler. Elles et toi, vous n'êtes plus que devant et derrière sans pouvoir dire la place des étoiles ou de toi-même. Quand on te parle de hauteur, de place, qu'on t'en assigne la valeur, ton estimation, on te raconte des balivernes, ce sont des marchands de palier qui les inventent.
Je voudrais que tu comprennes que toutes ces mesures sont créées artificiellement, qu'on ne monte pas, pas plus qu'on descend, que l'on n'est pas plus loin ou plus près. Tu es le jouet de tes sens, de la mécanique du corps et une équation entre poids et énergie. Tu es un instrument dimensionnel qui justifie que tu te positionne ou que l'on ajuste ta position.
Vas plus avant - et déjà tu vois combien "vas plus avant", "déjà", "combien", sont imprécis - reprends la feuille et regarde là comme si le tapis d'herbe, toi et les étoiles ne faisiez qu'un et tu passes au travers de la feuille.
Aucun marchand de palier n'admettra que c'est la liberté et la vérité, le point de vue que je te confie. Tu pourras toujours prétendre que ça appartient à la Terre et aux lois terrestres mais tu te priveras alors de l'univers.
De plus importants principes actifs gouvernent l'immensité, comme la vitesse et l'immobilité, comme le rayonnement et l'impalpable, comme l'énergie et la fluidité.
Les marchands de palier prennent des références de poids, de grandeur, d'échelle et leur jugement pour accord ou refus à ton égard te fera souvent prendre conscience qu'ils t'ignorent au bout du compte.
Ce ne sont ni ces titres, ni ces privilèges qu'ils délivrent que tu dois apprendre pour apprendre de toi, te faire comprendre des autres. Ce n'est pas dans la taille et le détail d'un être qu'est l'espace et son espèce, qu'il occupe et accouple au monde.
Si tu fais ton marché et rapportes des paliers, tu consens aux règles de l'argent roi, des maîtres du monde, du racisme et du sexisme, des inégalités de l'âge, de la supériorité du nombre. Tu ressens, tu retiens mais tu ne crées pas. Tu trompes tes impressions. Tu crois gagner du temps mais tu reviens sur tes pas. Tu crois gagner une reconnaissance mais tu chutes à ton point de départ.
Essaye de te voir comme une peinture, qui éblouit non pour les dimensions de la toile, ni par l'échelle où elle se situe matériellement, mais pour l'énergie qu'elle restitue, le rayonnement de son rendu, l'insaisissable qui s'y promène, la rapidité avec laquelle nous voyageons, l'immortalité qu'elle détient, la grande fluidité de sa réalisation dans l'ensemble. Accroche-toi aussi dans l'univers. Tu peux aussi varier sur l'usage des sens. Toucher l'air, écouter le silence peuvent par exemple te déshabituer du calcul perpétuel, de la compétition incessante.
Tout autour de nous, par notre seule volonté, nous créons de la mobilité, de la mixité, de la stabilité, de l'abstrait, de l'intensité que nous intégrons dans nos outils, nos systèmes et nos performances ne sont quantifiables et qualifiables qu'en aspect et respect hiérarchiques. Ainsi tout change et se modifie dans l'absurde pour peu qu'un mot ou qu'un chiffre constituent ou non le point d'impact espéré. Les marchands de palier ont réussi leur coup si effectivement, une entité n'atteint un niveau, que correspondant à un produit à cette marche. Cette réalité se constate constamment, pour perdre ou gagner, il suffit simplement d'être apparent ou transparent.
Quand les gens disent que les choses ne sont pas comparables, c'est faux et inutile surtout. Faux parce qu'ils affirment qu'elles sont différentes pour les juger moindres ou meilleures et inutile parce que chaque chose dans l'univers est au même endroit.
Moi par exemple, je vais faire exprès de ne pas publier mon article ailleurs que sur mon blog et mes pages facebook et thechangebook car c'est ainsi que je fais toujours. Mais si je veux de l'audience, je peux le diffuser plus largement et en des lieux où les habitudes sont prises par des visiteurs et je soignerais le titre au passage. Mais je deviens un produit. Je donne ce faisant à mon blog une valeur basée sur des codes marchands. Mes paramètres dans mon administration d'overblog m'y poussent volontiers et les conseils d'audience pareillement, surtout pour un site rémunéré par de la publicité.
Où être ou où ne pas être quand il surgit des marchands de palier, est là une question. Pour ma part c'est simple, tous les identificateurs classiques de la société commerciale et hiérarchique, tous les marqueurs sociaux ne m'intéressent pas.
Tu n'es pas ce que te concèdent les marchands de palier et leur vision où verticalité et horizontalité aboutissent à la même finition de l'être, qu'il soit question de valeur matérielle ou spirituelle au bout du compte. Un chef d'État ou un mystique célèbre n'établissent avec le tout, pas plus de pertinence à laquelle on pourrait s'attendre quand ils situent leur domaine sur une montagne, au centre d'une capitale, en tête de procession ou dans une tribune d'honneur.
Tel que tu les vois dans ce cérémonial, ils nient l'univers et confirment ta petitesse, ton éloignement, ta rigidité, ton enfermement. Ne te laisse pas tromper par tout ce qu'ils ont inventé sur soi-disant les dépassements, les emplacements. Ils te disent le temps, le lieu, la forme et l'usage mais ce ne sont que des correspondances abusives.
Ils ont rendu officiels des critères pour entraver tes mouvements quand les étoiles, la terre et toi-même, aucun écart n'existe.
Je voudrais que tu arrêtes de croire que tu accèdes ou cèdes pour ces mauvaises raisons et que tout ou rien n'interviennent dans tes considérations qu'au terme d'un sentiment d'osmose.
Et enfin, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise étoile et on ne marchande pas l'univers.
Marchands de palier, essayez donc d'échafauder vos issues de secours...